"Chouette, c’est enfin la crise" ?

La période fin 2022/début 2023 n’est pas un long fleuve tranquille : après le COVID et la guerre en Ukraine toujours en cours, nous voici avec une remontée générale des taux d’intérêt et le spectre d’un krash bancaire. Qu’est ce que ça implique d’un point de vue recrutement ? N'ayez pas peur, nous ne rentrons pas dans des débats financiers ici.

Faillite bancaire, le mot qui fait peur 🙀

Crise = moins de recrutement = 🙀 ?

Evidemment, un contexte économique morose n’est pas une bonne nouvelle pour le monde du recrutement : les recrutements (au moins ceux non stratégiques) sont le premier poste que l’on coupe. Cela veut dire moins de mandats pour les cabinets de recrutement et souvent la nécessité de reprendre une activité commerciale alors que les contrats pleuvaient jusque-là. Nous travaillons avec beaucoup de cabinets de recrutement et c’est quelque chose qui revient dans beaucoup de secteurs : la situation n’est pas catastrophique mais les volumes sont à la baisse et on sent de l’attentisme côté client final.

Côté Huntool, on voit également un ralentissement du côté des prises de démo d’ environ 50% par rapport à début 2022 (qui était certes complètement dingue).

Ce constat n'est pas très réjouissant. C’est vrai, mais…

Le rééquilibrage du marché du recrutement était nécessaire

Regardons dans le rétroviseur de ces 2 dernières années : dans beaucoup de domaines, le marché était tellement déséquilibré que le candidat était roi. A titre d’exemple, dans la tech :

• les développeurs se sont retrouvés extrêmement sollicités (harcelés ?) sur Linkedin.
• les salaires se sont mis à grimper avec des offres à destination de développeurs sans expérience parfois au niveau des offres faites à des développeurs confirmés il y a quelques années. Encouragées par des levées de fonds faramineuses, certaines Scales-ups ont tordu le marché en proposant des rémunérations stratosphériques : beaucoup de startups autofinancées ne pouvaient plus suivre et perdaient la guerre des talents.

Conséquences :

• une diminution des taux de réponse sur Linkedin.
• un augmentation du ghosting, y compris sur des postes traditionnellement préservés comme l’Executive Search.
• un dédain chez certains candidats se comportant ‘comme au Mc Do’, c’est-à-dire balayant toute discussion d’un revers de main en demandant ‘montrez moi toutes vos offres pour que je picore’.

Peut-être que cela a régulé certains travers du recrutement (cf cet article) mais nous sommes clairement allés trop loin dans le sens candidat.

De ce point de vue, nous sommes en train de voir le marché se réguler :

• Dans la tech, certains salaires sont en train de se dégonfler : avec les licenciements chez les GAFAM et Scales-ups française, des profils devenus inaccessibles pour les entreprises ‘normales’ (= non gonflées à la levée de fonds) se retrouvent à l’écoute du marché et commencent à entamer des discussions avec les cabinets de recrutement.
• Les demandes du type ‘full remote à 90k’ pour un profil junior se font (beaucoup) plus rares.
• De notre côté, c’est vrai que nous avons moins de demandes de démo... mais elles sont beaucoup plus qualitatives avec moins de RH généralistes et (beaucoup) plus de chasseurs.

Bilan : bienvenue dans un nouveau cycle ?

Ceux qui recrutent depuis 15 ans et plus le savent 👴 : le recrutement est un marché cyclique qui alterne des périodes où le candidat est roi et des périodes où le recruteur mène la danse. Malheureusement, l'équilibre n'existe quasiment jamais. Après ces mois où Linkedin est devenu une jungle, peut-être va-t-on voir revenir un peu d'annonces ? Les mois qui viennent nous apprendront si nous changeons de cycle. Espérons que ce ne soit pas trop violent, notamment pour les salariés qui se retrouvent dans des 'restructurations' alors qu'on leur avait promis monts et merveilles au moment des levées de fonds.

Bon sourcing !